Géraldine Alibeu

Géraldine Alibeu commence d'abord par illustrer des albums jeunesse: quelle est ma couleur, la ballade en traîneau. Et puis rapidement, elle écrit elle-même des histoires... Au fil des années, un univers se tisse, entre dessin et couture, entre lumière et étrangeté, entre douceur et gravité.
On sent bien un regard singulier construit de personnages attachants, d'images changeantes. Couleurs, matières, vidéos, céramiques, autant de pistes pour un parcours unique que l'on suivra avec plaisir...







Voici une interview réalisée par le très bon site ricochet et l'adresse de son blog à découvrir: http://minisites-charte.fr/sites/geraldine-alibeu/le-blog/

- A quel "héros"/ personnage de fiction vous identifierez-vous volontiers ?
Je suis bon public. Je m’identifie sans cesse… Par exemple dans «Des souris et des hommes», je m’identifie tout à la fois à Lennie, à George, et à la souris dans la poche. Mais il est vrai que j’évite les livres à superhéros : je me sens plus proche de ceux qui montrent leurs faiblesses ou leurs angoisses.

- Quelle utopie seriez-vous prêt(e) à défendre ?
La liberté : l’utopie que personne ne puisse en perdre le goût.

- A part être écrivain ou illustrateur, que rêveriez-vous d'être ?
En grandes vacances. La vie est très organisée, en temps de travail, en déplacements, en heures de repas, en compromis, en conventions et en morale, et (cela rejoint la question d’avant, en fait) il est très tentant et très naturel de vivre tout autrement. Mon organisation interne est celle des vacances et de l’improvisation.

- Où écrivez-vous ? Quel est le lieu qui vous inspire le plus ?
Dans des petits carnets que j’ai souvent sur moi. C’est quand je me déplace que les idées viennent : en marchant, dans le métro, dans le train. Les salles de cinéma aussi me font cogiter activement (ça dépend tout de même du film) ainsi que, certains matins, les premières minutes d’éveil, dans mon lit.

- Quel est le sentiment qui vous habite le plus souvent ?
La curiosité


- Quel (s) genre(s) de livre(s) vous tombe(nt) des mains ?Je fuis les livres à succès dont tout le monde parle. Je mets des mois parfois à me décider à acquérir un livre donc, quand je l’ai enfin, j’y tiens.

- Que redoutiez-vous enfant ? L’enfermement et le noir.

- Vous arrive-t-il de côtoyer des êtres imaginaires ?Oui. Chaque personne que je connais ou que je rencontre est accompagnée de son ‘autre’ imaginaire, celui qui se forme plus ou moins consciemment dans une certaine partie de mon cerveau (laquelle déjà ?). L’être imaginaire est plus ou moins consistant, selon ce que m’inspirent les gens… Et puis il y a ceux des histoires qui parfois m’accompagnent un bout de chemin.

- Que feriez-vous ou diriez-vous à un ogre s'il vous arrivait d'en croiser un ?Quand je suis motivée je peux être méchante : je me foutrais froidement de sa gueule à l’en dégoûter…jusqu’à ce que fuite s’en suive.

- Qu'avez-vous conservé de l'enfance ?Elle est toute entière dans l’adulte que je suis.

- Selon vous, qu'est-ce qui fait vendre un livre ? Les paillettes, le temps, les rencontres.

- Quel qualificatif vous colle à la peau ?Sage, calme, sérieuse... «On lui donnerait le bon dieu sans confession», comme disait mamie. Quelque chose qui fait que certaines personnes comme les vieilles dames me font immédiatement confiance voire me prennent à partie.

- Quelle est la meilleure phrase qu'un enfant vous ait dite ?Ce ne sont pas les enfants qui ont pour mes livres ou moi les meilleurs mots. C’est avec des lecteurs adultes que je sens parfois une complicité. Par exemple, les jeunes femmes qui achètent « LA MARIGUITA » pour l’offrir à leur mari me touchent.

- Si vous aviez la possibilité de recommencer, que changeriez-vous ?Je n’en suis pas encore à l’âge des recommencements ou des regrets… mais j’aurais aimé parler plus. Il y a trop de choses que je n’ai pas dites, au moment où il faudrait, ne serait-ce que pour être plus sympa. J’ai peut-être encore le temps de me rattraper !

- Enfant, quel genre de lecteur étiez-vous ?Mauvaise lectrice paresseuse, je ne lisais que « Tom-Tom et Nana ». J’aimais écouter « Le petit prince » en disque, calée entre mes frères et sœurs et mon père. Puis j’ai découvert les bd de ma mère : « Balade au bout du monde », « Les passagers du vent ».
Puis, petit à petit, les livres... Un des premiers livres (sans images) qui m’a passionnée était le récit d’une course de vélo.

- Vis-à-vis de quoi vous sentez-vous impuissante ?
La soif de pouvoir, le désir de domination



- Quel est l'animal auquel vous ressemblez le plus ? Pourquoi ?Sans originalité, mais sans hésitation : le chat. Il est la contradiction entre le fort désir d’indépendance et de solitude, et le besoin d’affection, d’échanges humains. Il est aussi un ancien sauvage que la nature interpelle de façon inattendue.

- Quel est le mot que vous préférez dans la langue française ?Sommeil

- Que souhaiteriez-vous que l'on retienne de vous ? Je me dis souvent, lorsque je dessine un album, que c’est comme une lettre que j’écris à quelqu’un. Je pense à des gens que je connais d’ailleurs, en travaillant, en écrivant, en bricolant-collant... mais, au final, j’aimerais qu’on garde de moi les lettres, les vraies, celles que j’ai envoyées par la poste.

Vos livres

- Quelle est votre dernière sortie pour la jeunesse ?«Un loup peut en cacher un autre», un ouvrage collectif avec des textes de François David, chez Sarbacane.
« Les jardins suspendus », un album sur un texte de Philippe Lechermeier, chez Gautier-Languereau (en Novembre)

- Le(s) livre(s) dans votre production dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous laisse(nt) un souvenir particulier « La Mariguita » et « La soupe du paradis », au Seuil jeunesse. C’est Richard Brautigan qui m’a donné l’électricité de ce premier écrit, et plus précisément une lettre d’amour intitulée « J’ai essayé de te décrire à quelqu’un », dans le recueil « La vengeance de la pelouse ». Cet album n’a pas toujours été perçu comme une histoire d’amour, il a même provoqué des réactions tout à fait contradictoires. C’est passionnant de voir quelle charge émotionnelle les lecteurs déversent dans un livre tellement court, dans si peu de pages.

- Quel est le thème que vous aimez davantage traiter ?Le Non-sens ; et plus largement, l’humour. Ce n’est pas un thème, plutôt un état d’esprit, que j’aimerais parvenir à capturer sur le papier de temps en temps. Mais c’est un phénomène volatile.

- D'où est né votre premier livre/ illustration ?En cm2 une institutrice détestable m’a inspiré quelques planches de bd à l’encre noire : c’est ma bd la plus aboutie à ce jour ; c’était très drôle et défoulant, ça m’a permis d’évacuer la frustration et le dégoût.

- Quel livre en littérature de jeunesse auriez-vous voulu écrire ou réaliser à la place d'un autre ?Aucun, vraiment. J’aime les auteurs.

- Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?Un film d’animation, que je ne réalise pas, mais que je dessine au crayon de couleur, à propos d’une douleur de l’enfance.
Je commence tout juste à travailler sur un texte de Marie-Sabine Roger.

- Où et comment vous voyez-vous dans 10 ans ? Mystère.

Références
Littérature de jeunesse
- Un livre pour la jeunesse qui vous a marqué petit ? «Le château des enfants volés» : pour le personnage du prince qui n’avait pas d’idées personnelles, qui n’agissait qu’en volant les idées des autres, au grand désespoir de la princesse...
« Le petit prince » d’Antoine de Saint-Exupéry, je l’ai lu tellement de fois.

- Quels sont vos auteurs-illustrateurs de référence ou qui pour vous développent une approche intéressante ?Katsumi Komagata
PAUL COX
EDWARD GOREY

- Quels sont vos livres "coups de cœur", les "incontournables" en littérature de jeunesse ?  « LES PRÉLIVRES » de BRUNO MUNARI
« ALICE AU PAYS DES MERVEILLES » de LEWIS CARROLL

Culture
- Un film, une photo/illustration qui vous touche ? « Les saisons » d’Artavazd Pelechian
Palombella rossa de Nanni Moretti (d’où vient peut-être mon penchant pour les piscines)

- Un musicien Pierre Bastien

- Un lieu où vous aim(eri)ez vivreDans les bras amoureux



- Une phrase (une devise) qui vous guide Je n’ai pas de devises, mais des bouts de phrases comme ça :

Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poême.
Je m'en fiche; n'importe quel poême, ce poême.

Richard Brautigan

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